Dans un contexte de fortes perturbations, marqué par l'intégration de l'IA, l'évolution rapide de la réglementation et la diversité des attentes des employés, à quoi ressemblera un leadership efficace en tant que DRH dans cinq ans ? Comment concilier la refonte du travail et l'adoption des technologies ? Quel est le juste équilibre entre le développement des compétences, la montée en compétences et la rapidité d'exécution ?
Dans un monde en pleine mutation, l'IA est non seulement au cœur des préoccupations, mais elle redéfinit en profondeur la nature même du travail. Le véritable défi ne consiste pas seulement à adopter les nouvelles technologies, mais aussi à les intégrer de manière optimale : faut-il d'abord repenser le travail ou laisser la technologie guider le processus ? La réponse est : les deux. L'avenir appartient aux organisations capables de réinventer le travail et d'intégrer la technologie de façon harmonieuse. C'est pourquoi nous investissons massivement dans la formation et la requalification de nos collaborateurs, tout en développant leurs compétences numériques.
Dans notre secteur, le cadre réglementaire évolue rapidement. Les entreprises doivent donc s'adapter encore plus vite. Pour gérer ces changements, il est essentiel de disposer des talents adéquats pour piloter efficacement la complexité. Parallèlement, nous gérons une main-d'œuvre multigénérationnelle aux attentes diverses. Notre succès repose sur notre capacité à comprendre ce qui les unit et ce qui les différencie, et à créer un environnement de travail qui prenne en compte ces deux aspects.
Le statu quo n'est pas envisageable, ni aujourd'hui, ni demain. Le rôle du DRH est indissociable du changement constant. Ce qui distingue les leaders, c'est leur capacité d'adaptation. L'agilité n'est pas une compétence, c'est un état d'esprit.
Quelles tendances émergentes auront selon vous le plus d'importance pour les RH dans cinq ans et pourquoi ?
L'IA et l'automatisation ne sont plus une perspective lointaine. Elles sont au cœur de l'avenir des RH. Au cours des cinq prochaines années, elles impacteront la quasi-totalité des métiers et créeront des rôles encore insoupçonnés. Elles rationaliseront les tâches, ouvriront de nouvelles perspectives d'apprentissage et, dans certains cas, remplaceront des processus entiers. Nous constatons déjà des avancées majeures en matière d'acquisition de talents, de coaching et d'analyse prédictive. Mais à mesure que l'IA prend en charge davantage de tâches de premier niveau, nous risquons de perdre des expériences de développement essentielles. Le rôle des RH sera de reconstruire ces fondements de manière novatrice et rapide.
Selon vous, quelles seront les capacités d'IA qui auront le plus grand impact sur les RH d'ici cinq ans ?
L'IA va transformer tous les aspects des RH, mais son impact le plus important dépendra de la manière dont nous choisirons de l'utiliser. L'IA générative simplifie déjà l'acquisition de talents, notamment la sélection des CV, la mise en relation des candidats et même la planification des entretiens. L'analyse prédictive nous aide à prévoir le taux de rotation du personnel, à identifier les talents à haut potentiel et à personnaliser leur développement. La véritable opportunité réside dans la création d'une culture qui intègre la technologie et apprend vite. Le risque ? Aller trop vite sans les garde-fous nécessaires. La valeur ajoutée ? Des décisions plus éclairées, un recrutement plus rapide et une main-d'œuvre prête à relever les défis de demain.
En vous projetant dans l'avenir, quels sont les changements à venir qui vous enthousiasment le plus, et pourquoi, pour les responsables RH et les employés ?
Ce qui me passionne le plus, c'est la transformation des RH, qui passent d'une fonction support à un véritable moteur stratégique. L'IA, l'automatisation et les analyses prédictives nous donnent les moyens de façonner les effectifs, et non plus seulement de les gérer. Nous passons d'une approche réactive à une approche proactive, d'une gestion axée sur les processus à une approche centrée sur l'humain. Les cinq prochaines années seront consacrées à la conception d'un travail plus intelligent, plus inclusif et profondément humain.
C’est précisément pour cette raison que chez Campbell’s, nous avons rebaptisé la fonction ‘ Ressources humaines ’ en ‘ Personnes et Culture ’. Il s’agit de bien plus qu’un simple changement de nom : c’est un changement de mentalité. Nous ne nous contentons plus de gérer les effectifs ; nous façonnons les expériences, développons les compétences et insufflons une culture d’entreprise positive. Dans un monde où la technologie transforme le travail, l’humain est plus important que jamais. ‘ Personnes et Culture ’ reflète notre engagement à diriger avec empathie, agilité et détermination.
Si vous deviez vous adresser à une salle remplie de membres de conseils d'administration, de PDG et d'autres dirigeants de haut niveau, quel message souhaiteriez-vous qu'ils retiennent sur l'avenir des RH et pourquoi ? Et quelle action leur demanderiez-vous d'entreprendre ?
L'avenir des RH ne réside pas dans les politiques et les processus, mais dans la libération du potentiel de nos collaborateurs. Les RH deviennent le moteur de la transformation, et non plus seulement la gestion des talents. Pour que votre stratégie soit couronnée de succès, votre stratégie RH doit en être le pilier. J'invite chaque PDG et membre du conseil d'administration à impliquer son DRH dans chaque décision majeure. Pas après coup, mais dès le départ. Car, au final, les individus ne veulent pas simplement accomplir leur travail, ils veulent avoir un impact durable.